Fonds Buy & Hold : faut-il investir ?

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Fonds Buy & Hold : faut-il investir ?

Cyrille De La Chaise

01/12/22 - Fonds Buy & Hold : faut-il investir ?

GILBERT ROUX Bienvenue dans les #RDVExperts, le podcast destiné aux conseillers en gestion de patrimoine et courtiers partenaires de Cardif. Ce n'est pas toujours évident de maîtriser toutes les bases pour établir une bonne stratégie d'investissement. Nous allons faire un focus aujourd'hui dans les #RDVExperts sur l'une d'entre elles, il s'agit du « buy and hold ». Et pour cela, j'ai invité Cyrille De La Chaise, responsable développement multigestion chez BNP Paribas Cardif. Bonjour, Cyrille. Bienvenue dans ce podcast.

CYRILLE DE LA CHAISE Bonjour, Gilbert.

GILBERT ROUX Cyrille, nous sommes d'accord sur le fait que le « buy and hold », c'est une stratégie d'investissement dans la durée. Est-ce que vous pouvez cependant développer un petit peu les tenants et les aboutissants du « buy and hold » ?

Quels sont les enjeux du buy and hold ?

CYRILLE DE LA CHAISE En fait, c'est une stratégie intéressante aujourd'hui parce qu'il y a une remontée des taux, donc, qui fait que les taux qui étaient négatifs encore il y a un an sont redevenus largement positifs puisqu’on a des rendements aujourd'hui qui peuvent aller de 3 à 10% suivant les obligations, et donc le placement en obligation redevient attractif. Donc après, c'est une problématique de durée. Il faut choisir sa durée et donc aujourd'hui, des sociétés de gestion nous proposent des produits « buy and hold » sur des durées jusqu'à 2025 à 2028 suivant les cas.

GILBERT ROUX Rappelons que cette stratégie « buy and hold » est là pour aller dans la durée, comme vous l'avez dit, mais aussi surtout, c'est pour amortir les éventuelles chutes.

Cette stratégie buy and hold permet-elle d’amortir les chutes ?

CYRILLE DE LA CHAISE Exactement, le rendement permet d'amortir les chocs puisqu’en fait, quand vous détenez une obligation, vous achetez une obligation 100 aujourd'hui, vous la gardez par exemple jusqu'en 2026, on va dire, et là, si vous la gardez sur la durée et que vous ne la revendez pas pendant la période, vous êtes sûr d'avoir 100 au terme. Après, la problématique, c'est de savoir s'il va y avoir des défauts dans les émetteurs que vous avez choisis, et c'est cette problématique-là qu'il va falloir que le gérant gère, il va falloir qu'il ait le moins de défauts possible, voire pas de défaut du tout, pour pour pouvoir conserver effectivement ce rendement au terme des 3 ans, 5 ans, 10 ans, etc.

GILBERT ROUX Alors les marchés financiers dans leur ensemble traversent de fortes zones de turbulence comme on dirait dans l'aéronautique. Est-ce qu'on peut dire, Cyrille De La Chaise, que nous sommes actuellement dans un contexte qui est propice justement à la stratégie d'investissement en « buy and hold » ?

Le contexte actuel est-il propice à cette stratégie d’investissement ?

CYRILLE DE LA CHAISE Oui, tout à fait, parce que justement ce rendement va protéger de turbulences, comme on le disait. Donc à partir du moment où vous pouvez conserver votre investissement jusqu’au terme de l’échéance , vous pouvez tabler sur des rendements entre 5 et 6% pour les investissements sur les sociétés « investment grade », c'est-à-dire assorties d’une notation minimum triple B- et de l'ordre de 7 à 10 % pour ce qui est du « high yield », donc des obligations qui sont notées maximum double B+ jusqu'à D, mais évidemment D, c'est des folds, donc on ne va pas investir dessus.

GILBERT ROUX Nous allons maintenant parler, Cyrille, des avantages et des risques du « buy and hold ». Alors ce qui est intéressant, c'est que, d'une stratégie, c'est carrément devenu une classe d'actifs, le buy and hold, en fait.

Le buy and hold est-il devenu une classe d’actifs ?

CYRILLE DE LA CHAISE Oui, alors il y a de plus en plus de sociétés de gestion qui développent cette stratégie, dont pour certaines, c'est le énième millésime de fonds « buy and hold » qui sort. Par exemple, La Française AM ou Edmond de Rothschild ou Rothschild & Co, ça fait plusieurs millésimes de fonds « buy and hold » mais il y a d'autres acteurs également qui sont venus sur ce marché. Par exemple, Sycomore, Keren... Voilà, il y a vraiment pas mal d’acteurs sur cette classe d’actifs. Aujourd'hui, on a une quinzaine de sociétés de gestion qui ont des fonds référencés en « buy and hold » chez Cardif.

GILBERT ROUX D'accord, et ça représente combien de fonds ? Alors quinze sociétés, mais combien de fonds ?

CYRILLE DE LA CHAISE C'est à peu près un par société de gestion. Alors, La Française, par exemple, ils en ont deux, mais la plupart n’en développe qu’un à la fois.

GILBERT ROUX Alors vous avez parlé il y a quelques instants de l'« investment grade » et du « high yield ». Quelle est selon vous la meilleure option d'investissement ?

Investment grade, high yield… Quelle est la meilleure option d’investissement ?

CYRILLE DE LA CHAISE Alors là, Gilbert, ça va dépendre de la sensibilité au risque du client. Un client qui est frileux et qui ne va pas vouloir prendre trop de risques, il a plutôt intérêt à aller viser des obligations en « buy and hold » sur de l' « investment grade » parce qu'encore une fois, il va avoir peut-être que du 5 ou 6 % de rendement, mais la probabilité de défaut va être extrêmement faible. Si le client est plus téméraire, il va pouvoir effectivement viser entre 7 et 10 % suivant les périodes, mais sur des obligations « high yield » qui, on le sait, vont être un peu plus fragiles en période de récession. Donc toute l'habilité du gérant, ça va être effectivement, encore une fois, d'éviter les défauts.

GILBERT ROUX Je voudrais qu'on parle maintenant des lignes d'émetteur sur les fonds « buy and hold ». Certains considèrent que pour diminuer les risques, il est préférable d'avoir beaucoup de lignes, c'est-à-dire entre 30 et 40. D'autres préconisent seulement une vingtaine. Alors, dans laquelle de ces configurations se situent les fonds sélectionnés par Cardif aujourd’hui ?

En ce qui concerne le nombre de ligne d’émetteurs, comment se situent les fonds sélectionnés par Cardif ?

CYRILLE DE LA CHAISE Alors, en fait, ça va vraiment dépendre des risques embarqués. Si on reste sur le « buy and hold », 35 à 50 lignes, c'est suffisant pour parer aux risques sur l' « investment grade », parce que, encore une fois, ce sont des sociétés qui sont très bien notées et qui, même dans les périodes de turbulences comme on a connu en 2008 ou 2011 sur l'obligataire, vont vraiment bien passer le cap. Si on est sur des sociétés plus risquées, donc « high yield », là avec des notations, encore une fois, qui sont maximum double B+, il va plutôt falloir aller taper sur une centaine de lignes pour éviter que le défaut d'une des sociétés pénalise fortement le rendement.

GILBERT ROUX Est-ce qu'il y a des zones géographiques particulières couvertes ou non couvertes dans le cadre de fonds « buy and hold » ?

CYRILLE DE LA CHAISE Alors, les fonds « buy and hold » peuvent être soit uniquement axés sur l'Europe. Il y a déjà beaucoup d’émissions en Europe, donc on peut vraiment trouver notre bonheur, effectivement, sur cette zone-là. Mais certains vont vouloir aller sur des fonds Monde, et du coup embarquer évidemment le marché américain, qui est un marché extrêmement large, beaucoup plus large qu'en Europe, et également, les plus téméraires, vont pouvoir aller également sur des obligations émergentes. Là, évidemment, les risques ne sont plus du tout les mêmes, et notamment parce qu’on embarque également un risque de change, ce qui rajoute encore au risque, mais aussi à la possibilité d’augmenter le rendement si les paris sur les devises sont réussis.

GILBERT ROUX Donc en fait, on va dire, on allie à la fois l'envie de gagner évidemment sur ces investissements, mais également cette notion de prise de risque. Comment on peut situer ces fonds « buy and hold » ? Est-ce que c'est un investissement d'attente en attendant que les marchés soient stabilisés ? Ou est-ce que c'est au contraire un outil d'investissement agressif sur les marchés ?

Les fonds buy and hold : un investissement d’attente ou agressif ?

CYRILLE DE LA CHAISE Non, ça peut être effectivement quelque chose d'assez agressif, en même temps, on va prendre quelques chiffres pour montrer que finalement le risque est relativement mesuré parce qu'aujourd'hui sur le risque de défaut, aujourd'hui sur le marché, on est à 0,5 % de risque de défaut. Vous voyez que c'est quand même très, très faible, et ça, c'est des sources JP Morgan. Et le marché, lui, qui est plus frileux, anticipe 3%. Et en fait, c'est sur ce delta que va se jouer la performance et c'est pour ça que les taux sont aussi importants pour ces fonds-là. Donc vous voyez que le risque est quand même assez mesuré et même si on se projette sur 3 ans, 4 ans, 5 ans, vous voyez qu'à 0,5 multiplié par 3, 4 ou 5, ça ne fait pas des montants vertigineux. Alors, évidemment, le risque après, c'est plutôt une anticipation sur la récession de l'année prochaine, et c'est là où il va falloir être un peu vigilant et c'est pour ça que pour des clients qui sont frileux, il y a éventuellement l’« investment grade », mais aussi l’option de prendre des durations plus courtes puisque plus votre duration sur l'obligation est courte, moins le risque est important.

GILBERT ROUX Très intéressant, ce sujet du « buy and hold », mais nous sommes arrivés au terme de ce podcast consacré à cette thématique. Merci, Cyrille De La Chaise, d'avoir partagé avec nous votre expertise. Je vous dis à bientôt.

CYRILLE DE LA CHAISE Oui, merci, Gilbert. À bientôt.

Citation
Le buy & hold est une stratégie intéressante, qui s’inscrit dans la durée. Des sociétés de gestion proposent aujourd’hui des produits « buy and hold » sur des durées allant jusqu'à 2025, 2028 suivant les cas. Cyrille De La Chaise
 

Cyrille De La Chaise

Intervenant

Cyrille De La Chaise débute sa carrière en 1995 au sein de BNP Paribas Cardif, d’abord comme Inspecteur régional, puis en tant que Directeur régional auprès des CGP-courtiers, grands comptes et des asset managers. Il est aujourd’hui Responsable de la relation avec les asset managers et du développement multigestion au sein de l’équipe commerciale épargne et retraite.

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